Depuis plusieurs
décennies, l'industrie cinématographique américaine est
fondée sur une dichotomie entre les grands studios et les producteurs
indépendants. Dans ce système, les majors se sont fait absorber
progressivement par des conglomérats : Columbia par Coca-Cola en 1982
puis par Sony en 1990, MGM par De Peretti, etc
Cette situation entraîna
une augmentation des bénéfices mais également une inflation
galopante des coûts de production. De ce fait, la norme de la production
est constituée par les films à gros budget. Autre phénomène
récent de l'industrie cinématographique américaine, c'est
l'apparition des imprésarios, jeunes souvent et dont l'objectif est davantage
de monter une affaire que de faire un film, en achetant les droits d'un roman
ou d'une pièce, situation dénoncée de façon magistrale
par un franc-tireur du cinéma américain, Robert Altman, dans son
film The Player.
La production indépendante est apparue dans les années cinquante,
mais elle a pris une importance croissante au cours des années quatre-vingt
et au début de cette décennie. Faire la distinction entre majors
et production indépendante ne s'avère pourtant pas évident.
L'on assiste à un phénomène d'imbrication de plus en plus
étroite entre les modes de production. La différence essentielle
réside dans la taille des budgets. Travaillant avec des budgets raisonnables,
les indépendants s'accordent plus de risques que les majors. Par ailleurs,
l'apparition de marchés secondaires (vidéo et câbles) a
permis l'existence de nouvelles sources de financement qui garantissent à
la plupart des productions indépendantes à budget modeste une
rentabilité minimale.
Les producteurs indépendants n'ont pas pour seule vocation la réalisation
de films d'auteurs. Ce sont eux qui alimentent les écrans des drive-in
et qui fabriquent des films d'horreur (Freddy et ses "sequels").
Mais c'est au sein de la production indépendant qu'il est possible à
des jeunes auteurs de faire leurs premières armes. Cette situation est
le fruit de l'initiative d'un certain nombre de producteurs : David Geffen,
Edward Pressman, Harvey Weinstein, président de Miramax (Crying Game
de Neil Jordan, Passion Fish de John Sayles,
), Robert Shaye, qui
a fondé la société New Line il y a 25 ans, alternant films
d'horreur et films d'auteurs (tels : My Own Private Idaho de Gus Van
Sant ou The Player de Robert Altman). D'autres sociétés
participent de ce mouvement : Island Pictures (productrices des films de Jim
Jarmusch ou de Spike Lee), Hemdale, Atlantic ou Vestron. Ces sociétés
ont la particularité d'être installées à New York
et non à Los Angeles.
Cet environnement permet à de nombreux et jeunes réalisateurs
de tourner leurs films, en dehors des critères hollywoodiens actuels
et en conséquence de faire preuve d'originalité, de traiter des
sujets différents, dans lesquels ils affrontent le réel.
Christian Szafraniak, Catalogue ECRAN, Cinéma U.S.
(en toutes indépendances)